Et voilà pour moi :
Cher Père Noël,
Cette année, je te demanderai seulement de bien vouloir me lâcher un peu la grappe.
Il se trouve en effet que, durant mes 10 premières vertes années, tu as consciencieusement éludé, à chaque Noël, mes demandes de voitures radiocommandées et de jeu vidéo pour les remplacer par des panoplies de petit chimiste, des puzzles de merde à 20 000 pièces, des encyclopédies en 20 volumes ou des atlas à la con.
Par la suite, les 10 années suivantes, et alors que, surtout vers la fin, j'eusses tant aimé avoir une moto, tu t'es débrouillé pour me refiler ton infâme mobylette Motobécane 86 bleu horizon (oui oui, tu sais, celle qui pèse 20 tonnes et va à 40 avec vent dans le dos. Mais ça c'est rien encore : jusqu'à ma mort je t'en voudrai pour le casque sans visière, et pas intégral, qui me donnait l'air d'un extra terrestre à lunettes).
Les 10 dernières années, jusqu'à ma rencontre avec celle qui à présent partage mes jours, tu les as consacrées à m'envoyer d'immondes pulls tricotés 3 tailles trop grands, dont les coloris chatoyants et le style n'étaient pas sans rappeller le gilet offert à Lhermitte dans "le père noël est une ordure", tout en essayant de détourner les soupçons sur ma grand-mère puisque chaque pull était accompagné d'un petit mot qui disait "Ta mamie qui t'aime"…
Et voilà que depuis 7 ans à présent que je vis dans le stupre et la félicité avec l'amour de ma vie, tu t'acharnes à m'offrir des cravates, alors que tu sais parfaitement que je n'en porte pas et que je voudrais plutôt un macbook air ou un iphone. Je ne parle même pas ici des colliers de nouilles et des abominables cendriers en rotin que ma fille me ramène de l'école : elle prétend que c'est sa maitresse qui l'oblige à les faire, mais moi je sais bien que tu es derrière tout ça. Parceque figures-toi que moi aussi j'en ai une, de maitresse, et elle ne m'a jamais obligé à fabriquer un pot à crayons en yaourt…
Aussi, cher père Noël, cette année, si tu veux vraiment me faire plaisir, oublie moi un peu. Je me remets à peine de la gastro-entérite de Noël que tu m'avais offert l'année dernière, et je me réserve pour ma traditionnelle grippe du nouvel an. Donc, si jamais je voyais ne fût-ce que l'ombre du début du plus petit bout de houppelande descendre dans ma cheminée cette année, je te préviens, j'allumerais le feu immédiatement. Aussi me semble-t-il préférable que tu ailles pourrir la vie à d'autres innocents qui ne t'ont rien fait car pour ce qui me concerne j'ai donné. Ma fille, dont les grands yeux innocents pétillent au pied du sapin, je la décevrai moi-même cette année si tu permets.
Et je te préviens, je tire à vue…
Hieros
PS : je me vengerai.